La Région Île-de-France est-elle une terre d’emplois agricoles ? Pouvez-vous nous donner des repères chiffrés ?

Tout d’abord, il est important de rappeler dans quel contexte s’inscrit l’agriculture francilienne. La région Île-de-France représente 2 % du territoire de la France avec une superficie totale de 12 012 km². Sa population est de 2,2 millions d’habitants pour un taux de chômage à 7,6 %. L’Île-de-France est un pôle de compétitivité actuellement dominé par le secteur tertiaire marchand et non marchand. Son PIB s’élève à 669 milliards d’euros.

Avec 47,2 % de terres agricoles contre 28 % de territoire urbain, la région francilienne est génératrice d’emplois et d’opportunités. Elle développe des services, des savoirs faire et des filières d’excellence dans le domaine agricole avec de formidables opportunités en circuits courts.

Pouvez-vous dresser un portrait-robot du monde agricole en Île-de-France ?

En Île-de-France, les sols agricoles représentent 566 760 hectares ce qui explique une concentration de grandes exploitations dans la région. On distingue deux grands ensembles :

D’une part, les exploitations de grandes cultures dans les départements des Yvelines, de l’Essonne et du Val de l’Oise. Les céréales y sont cultivées à 66 %, les oléagineux (tournesol, colza, soja), protéagineux (pois, féveroles) et betteraves industrielles à 26 %. Ce territoire comporte aussi de nombreuses cultures spécialisées comme le maraîchage, l’arboriculture, les pépinières.

D’autre part, les exploitations de polyculture avec une forte production betteravière en Seine-et-Marne.

Il existe, par ailleurs, une activité d’élevage devenue minoritaire (poules pondeuses, bovins, ovins, porcins, caprins) encadrée par la convention collective Polyculture Elevage en Île-de-France.

La région d’Île-de-France est dynamique puisqu’elle se classe en 5e position pour le nombre de salariés de moins de 30 ans et le nombre de femmes salariées. C’est aussi la 3e région qui observe une croissance du nombre de contrat à durée déterminée sur les 5 dernières années.

Elle entoure une mégapole forte de 12 millions d’habitants et de 16 millions de touristes par an !

Quels sont les besoins actuels en recrutement dans le secteur sur le territoire Francilien ? Y’a-t-il des métiers émergents/nouveaux ?

Les métiers de l'agriculture sont par définition diversifiés, et offrent une grande variété de postes et de spécialisations : production, transformation, commercialisation, ingénierie, création, marketing, management etc. Ils nécessitent des compétences techniques et une capacité d'adaptation. Du CAP au diplôme d'ingénieur en passant par le BTS, les cursus sont multiples.

C’est dans ce contexte que se négocie actuellement une convention collective agricole nationale qui donnera le cadre à cette grande diversité de métiers.

On observe une progression de l’agriculture biologique en région francilienne. Parallèlement le circuit court se structure avec une commercialisation au sein des fermes, des marchés et différents points collectifs de type AMAP (association pour le maintien d’une agriculture de proximité). Ces nouveaux modèles offrent de nouvelles opportunités d’emploi.

Les exploitants franciliens recherchent chaque année de la main d’œuvre saisonnière pour des activités de cueillette, de récolte, moisson, plantation, production de plants, travaux d’entretien et désherbage manuel.

Les reconversions dans le domaine agricole sont- lles en développement ?

En Île-de-France, certains professionnels de l’accompagnement à l’installation observent une progression des demandes d’information relatives aux reconversions d’actifs. Dans la majorité des cas, ces projets sont motivés par une volonté d’utilité sociale. Aujourd’hui, l’épanouissement professionnel passe de plus en plus par le sens de son métier et de sa contribution à la société.

Les métiers du Vivant sont au cœur des innovations sociétales, et attirent de plus en plus d’actifs de tous secteurs.

Quels sont les dispositifs proposés aux personnes pour se reconvertir ?

Les personnes qui souhaitent se reconvertir vers les métiers de l’agriculture bénéficient d’une large palette de services et de dispositifs. Dans un premier temps, ils doivent se rapprocher d’un opérateur de Conseil en évolution professionnelle afin de faire un point complet sur leur projet professionnel et les différentes perspectives offertes en termes d’emploi et de formation.

Dans un second temps, ils peuvent mobiliser des financements du droit commun pour se former et accélérer leur transition. La nouvelle application

« Moncompteformation » permet à chacun de disposer librement d’un montant en euros pour financer une formation qualifiante courte en dehors du temps de travail.

Le projet de transition professionnelle éligible au Compte personnel de formation (CPF) permet aussi à tous salariés, de financer une formation longue en vue de changer de métier ou de profession. Ce dispositif nécessite en revanche l’accord de l’employeur puisque la formation se déroule durant le temps de travail.

Un candidat bénéficiant déjà d’une année d’expérience dans le métier de transition visé peut aussi valider une certification professionnelle par la Validation des Acquis et de l’Expérience (VAE) via son compte personnel de formation.

Une période de formation est-elle indispensable dans tous les cas ?

Une formation préalable n’est pas obligatoire, tout dépend du poste visé et des missions associées.

La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel outille les acteurs économiques pour développer l’apprentissage. Ce dispositif représente une opportunité de formation intéressante.

Il faut, par ailleurs, signaler l’existence de l’Agriculture Recrute pour expérimenter certains métiers agricoles dans le cadre de missions saisonnières.

Quels conseils pourriez-vous donner à une personne souhaitant réorienter sa carrière vers l’agriculture ?

Il est important de solliciter un Conseil en évolution professionnelle pour construire un projet viable correspondant aux appétences et objectifs du candidat. Ce service est proposé gratuitement par différents opérateurs désignés par France Compétences tels que Pôle Emploi, l’Apec, les missions locales, etc.

 

Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture, région Île-de-France
7 rue du Louvre
75001 Paris

Propos recueillis par Sandrine Damie (décembre 2019)
Crédits Photos : 
© Cécile Muzard / FNSEA.