Sarah Gogel, fondatrice de YES Akademia

Vous êtes fondatrice et directrice générale de YES Akademia. Pouvez-vous nous présenter votre association en quelques mots ?

YES Akademia propose à des jeunes de tous horizons des parcours d’apprentissage basés sur l’interculturel et la solidarité. L’objectif est qu’ils deviennent citoyens du monde. C’est aussi de leur permettre de sortir de leur zone de confort et de leur donner plus d’opportunités pour s’engager, notamment vers les voies de la solidarité internationale.

Comment avez-vous fondé votre association ?

L’aventure a commencé en 2007 aux Etats-Unis. A l’époque j’avais 26 ans et j’étais travailleuse sociale. Avec deux autres personnes, qui l’étaient également, nous avons créé l’association « Global Potential » à New York puis à Boston. En 2012, grâce à une subvention de l’ambassade de France à Washington D.C., « Global Potential » a été importé et adapté en France. Mais il était difficile de gérer le projet sur deux continents. Aussi, avec mon équipe, nous avons décidé de suivre des parcours différents. En France, « Global Potential » est devenu YES Akademia en 2016. 

Vous menez d’autres projets en parallèle ?

Au début je me consacrais à YES Akademia à temps plein. Aujourd’hui, j’ai également une activité d’enseignement à Sciences Po et Paris 8. Je suis aussi consultante, notamment sur des projets ayant trait à l’éducation informelle. J’ai découvert le terme « slasheur » (travailleur pluri-actif) il y a un an. Je dois dire qu’il correspond assez bien à ma situation !

Quels types de parcours propose YES Akademia ?

Nous avons deux programmes phares. Le premier, « Impower », est un programme à destination des jeunes de 15 à 26 ans. Il dure 18 mois et représente 300 heures de formation. Il se déroule en trois phases, avec d’abord des ateliers, rencontres et réflexions autour du développement durable ; il y a ensuite une phase axée autour des échanges interculturels avec, pour les jeunes qui le souhaitent, un voyage dans un village partenaire à l’étranger (au Nicaragua, en en Haïti, au Sénégal ou en Inde) ; enfin la troisième phase consiste en la mise en œuvre d’un projet solidaire.

Le second programme, « Press Start », est plus axé sur l’entrepreneuriat. Il s’adresse à des jeunes de 18 à 35 ans qui ont un projet ayant un impact sociétal. Cela peut être tout type de projet, mais qui doit contribuer à améliorer la société d’une façon ou d’une autre. Par exemple un restaurant, ou un barber shop, mais avec des soirées de débats sur le développement durable, des événements pour lutter contre le racisme, etc.

Savez-vous ce que deviennent les jeunes passés par vos programmes ?

Après la fin du parcours, nous les suivons pendant un an. Soit avec des rendez-vous virtuels, soit avec des rencontres mensuelles (en région parisienne). Les profils des jeunes qui participent à nos programmes sont très variés, et ils ont ensuite des devenirs très différents. 

Mais les projets qu’ils ont développé pendant leur parcours et les « softskills » (compétences transverses) acquises sont très utiles ensuite à valoriser pour postuler à un diplôme ou à un emploi. Beaucoup de jeunes se réinvestissent aussi dans la solidarité, s’engagent dans des associations, décident de faire un service civique...

YES Akademia s’adresse-t-il seulement aux jeunes des quartiers ?

Pas seulement, YES Akademia est ouvert à tout le monde. Mais la base de nos programmes est de travailler à plus d’égalité des chances. Notre motivation a toujours été de donner plus d’opportunités à ceux qui en avaient le moins. C’est pourquoi nous faisons l’effort d’orienter nos programmes vers les jeunes des quartiers périurbains ou les jeunes ruraux. Parmi les bénéficiaires de nos programmes, 55 % sont résidents en Seine-Saint-Denis.

Comment fait-on pour postuler ?

Il suffit de s’inscrire sur notre site yesakademia.ong. La motivation et le désir de s’engager dans une démarche solidaire sont les seuls critères de sélection, et celui d’avoir déjà un projet pour « Press start ». Nous accueillons trois promotions par an dans notre programme « Impower » et une promotion par an dans notre programme « Press start ».

Avez-vous des projets d’avenir pour YES Akademia ?

Nous aimerions développer des parcours inter-associatifs avec les autres associations hébergées comme YES Akademia à L’Ascenseur. C’est un tiers-lieu à Bastille qui rassemble plusieurs acteurs de l’économie sociale et solidaire engagés pour l’égalité des chances.

Nous avons également un projet de digitalisation de nos ateliers pour les rendre encore plus accessibles et toucher encore plus de jeunes. Nous allons très bientôt réaliser des vidéos et proposerons un Mooc qui sera accessible sur la plateforme Rise Up (inscriptions sur yesakademia.riseup.ai).

Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (décembre 2019).