Guillaume OuattaraVous vous êtes fait connaître en décryptant les algorithmes de la plateforme APB (admission post bac), puis de Parcoursup qui l’a remplacée. Comment cela s’est-il passé ? 

En 2016, l’association Droits des lycéens avait obtenu la publication des algorithmes d’APB. Mais comme c’était du code, ils ne savaient pas quoi en faire et s’étaient tournés vers les chercheurs pour les décrypter. J’étais étudiant en informatique et j’avais la possibilité de les lire. J’ai publié un article à ce sujet sur le blog « l’ingénu-ingénieur » que je tenais alors en tant que blogueur-invité du journal Le Monde.

J’ai continué à suivre le projet. Quand la première mouture de Parcoursup a été présentée en 2018, j’ai analysé les algorithmes. J’ai fait des notes de blogs et rencontré à l’époque beaucoup de lycéens.

Qu’avez-vous fait ensuite ?

Cela m’a donné pas mal de visibilité. Par la suite j’ai écrite des articles pour plusieurs journaux, dont le Monde, et j’ai rejoint la plateforme Campus Channel du Groupe Figaro pendant un an.

Depuis septembre, je suis responsable de la communication d’une école parisienne. Je mène en parallèle de nombreux projets. Je prends pas mal la parole dans des salons et des écoles pour aider les jeunes à s’orienter. J’écris également pour Gossip Room et je donne des cours d’éloquence à la Sorbonne.

En partenariat avec le cabinet Odace Media, nous venons également de lancer la plateforme ACoupSup. Enfin, je travaille aussi sur un gros projet de podcast sur le lifestyle et la vie étudiante.

Vous-même, avez-vous rencontré des problèmes pour vous orienter dans vos études ?

Mon choix d’orientation a été assez laborieux. Cela explique sans doute le fait que je m’intéresse autant à ce sujet. Dans mon cas, le problème n’était pas le manque d’information mais d’avoir trop d’informations sur trop de filières.

J’ai fait un bac S, puis j’ai passé sans succès les concours Sciences Po. Sous la pression de mes parents, je me suis inscrit en prépa MPSI. Mais je me suis vite rendu compte que faire 8 heures de maths par semaine ce n’était pas du tout pour moi. C’est là que j’ai trouvé un cursus d’ingénieur, avec une double filière humanité et technologie, proposé par l'Université de technologie de Compiègne. Cela correspondait bien à mon double profil à la fois littéraire et scientifique.

J’ai suivi ces études jusqu’au diplôme d’ingénieur, avec une spécialisation en big data. Mais je m’étais rapidement rendu compte que je ne voulais pas devenir ingénieur. Aussi en parallèle de mes études je me suis mis à faire d’autres choses : un blog, des vidéos, des piges pour le Courrier Picard et pour une radio locale à Compiègne…

Au vu de votre parcours, quels conseils pour l’orientation donneriez-vous aux jeunes ?

Le conseil qui m’a sans doute manqué, c’est d’être plus sûr de moi et de mes choix. J’aurais peut-être dû tenir davantage tête à mes parents qui s’inquiétaient pour mon avenir si je choisissais une filière littéraire. Finalement, mon année en prépa m’a aidé à prendre du recul. J’avais passé un an à faire quelque chose qui ne me plaisait pas, alors toute une carrière ce n’était pas possible. 

Donc mes conseils ce serait d’abord être plus sûr de ses choix, de s’affirmer et de ne pas écouter ceux qui disent que telle ou telle filière n’a aucun débouché. Ensuite, je pense qu’il faut se rendre le plus possible dans les établissements pour se rendre compte des choses par soi-même.

Le nouveau bac et la nouvelle plateforme Parcoursup apportent pas mal de bouleversements pour les choix d’orientation des lycéens. Quel regard portez-vous sur ces changements ?

J’ai un regard plutôt inquiet. Ces évolutions sont intéressantes mais cela se fait peut-être un peu trop rapidement.

Pour les lycéens la procédure Parcoursup rajoute beaucoup d’inquiétudes. Ils doivent se connecter tous les jours, ce qui est stressant. Pareil pour la réforme du bac, qui force à faire des choix et à prendre des décisions hyper stratégiques.

En face, les lycéens ont accès à énormément d’informations. Mais c’est rarement de manière synthétique, avec les infos essentielles, des exemples concrets, et sans dramatiser. C’est ce que j’essaie de faire lors des conférences et des rencontres auxquelles je participe avec eux.

 

Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (décembre 2019).

 

Crédit photo : vidéo Odace Media